La fuite

Publié le par Etrangère


    Au dernier mot que prononça Cancanet, Ali Newman se leva lentement, et, sans  regarder personne, se dirigea tranquillement vers la porte.
"Pas un geste, Lapinet ! "s'écria le commissaire, dégainant son arme (un lance-petit-pois de gros calibre).
Mais Ali (ou était-ce Martin Lapinet, comme le croyait Cancanet ?), pris de l'étrange instinct de survie de l'animal aux abois, bondit à droite, à gauche, ouvrit la porte et se mit à sauter vers la forêt comme un lapin de garenne. Il disparut en un instant, laissant dans les pupilles du commissaire l'éblouissement d'une tache blanche surgissant des herbes et des tulipes mauves.
"Attrapez-le !" rugit le commissaire, se ruant dehors. Charles le suivit gauchement, tentant quelques bonds de lapins peu athlétiques, la technique traditionnelle de vélocité quadrupède ayant été délaissée depuis longtemps au profit de la course à deux pattes dans les écoles de police.
Marguerite elle aussi se mit à courir après les deux policiers.
"Où allez-vous ? lui cria Mana Silence restée sur le palier du terrier-bâtisse.
- Chercher Martin ! répondit Marguerite en retenant son chapeau sur ses oreilles, poussé par un vent contraire.
Les rubans roses de son chapeau lui fouettaient le museau, mais, bien que douillette,  elle n'avait qu'une idée fixe : retrouver Martin, lui enlever son ridicule appareil dentaire de faux détective, et l'embrasser.
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S
Ah oué.                                            
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