Qui est Benoît ?
Pendant qu'Ali Newman et Madame Silence parlaient, Marguerite s'était mise à jeter un oeil sur les livres de la bibliothèque. Elle s'était arrêtée sur un grand cahier relié et tournait les pages avec lenteur.
- Ah ! Les poèmes de Benoît ! grommela la grand-mère. Vous en pensez quoi ?
- J'aime bien, dit Marguerite sans hésiter. Il y en a un : "Vision du soir" qui est plutôt marrant.
- Il s'était mis à boire à ce moment, dit la vieille Silence en devenant grise et rabougrie.
C'était pour ça la "nuit alcoolique".
- Ah !..
- Oui, cela a un sens, vous savez, et "carotte", "tomate" et "sac plastique", cela un sens aussi. C'était pas un niais, mon petit-fils.
- Ah ! Vous savez ce qu'il voulait dire ?
- Vous le savez mieux que moi, Marguerite.
- Je vous assure que...
- Lisez plutôt celui à la fin du cahier. Lisez-le tout haut.
Marguerite retourna toutes les pages avec son index, puis les ausculta à rebours. Elle trouva le dernier poème, couché proprement à l'encre bleue sur la page blanc cassé.
"A Marguerite", commença-t-elle à lire d'une voix inquiète.
"Ce n'est pas ton absence qui me fera fléchir
Ce n'est pas la distance que tu mets entre nos...entre nos quatre oreilles
Qui éteindra le feu de la merveille
Né d'un regard offert sans réfléchir
L'amour est un don que tu ne peux reprendre
Nos coeurs sont pris comme lièvres au collet
Et tu as beau ne pas décoller
Tes lèvres au baiser tendre
Je suis là. Vois-tu le sang sur le chemin ?
Pourquoi crois-tu donc être en deuil ?
Tes amants, unis dans le cercueil
Y laisseront la peau un à un "
Le cahier glissa des pattes tremblantes de Marguerite, la lapine chancela, puis tomba, inanimée, dans les bras secourables d'Ali.
- Ah ! Les poèmes de Benoît ! grommela la grand-mère. Vous en pensez quoi ?
- J'aime bien, dit Marguerite sans hésiter. Il y en a un : "Vision du soir" qui est plutôt marrant.
- Il s'était mis à boire à ce moment, dit la vieille Silence en devenant grise et rabougrie.
C'était pour ça la "nuit alcoolique".
- Ah !..
- Oui, cela a un sens, vous savez, et "carotte", "tomate" et "sac plastique", cela un sens aussi. C'était pas un niais, mon petit-fils.
- Ah ! Vous savez ce qu'il voulait dire ?
- Vous le savez mieux que moi, Marguerite.
- Je vous assure que...
- Lisez plutôt celui à la fin du cahier. Lisez-le tout haut.
Marguerite retourna toutes les pages avec son index, puis les ausculta à rebours. Elle trouva le dernier poème, couché proprement à l'encre bleue sur la page blanc cassé.
"A Marguerite", commença-t-elle à lire d'une voix inquiète.
"Ce n'est pas ton absence qui me fera fléchir
Ce n'est pas la distance que tu mets entre nos...entre nos quatre oreilles
Qui éteindra le feu de la merveille
Né d'un regard offert sans réfléchir
L'amour est un don que tu ne peux reprendre
Nos coeurs sont pris comme lièvres au collet
Et tu as beau ne pas décoller
Tes lèvres au baiser tendre
Je suis là. Vois-tu le sang sur le chemin ?
Pourquoi crois-tu donc être en deuil ?
Tes amants, unis dans le cercueil
Y laisseront la peau un à un "
Le cahier glissa des pattes tremblantes de Marguerite, la lapine chancela, puis tomba, inanimée, dans les bras secourables d'Ali.